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LES PEINTRES CHINOIS


nous mettre en état de maîtriser d’abord les singularités de ses apparences et de sa technique pour pénétrer ensuite les idées et les sentiments sur lesquels elle est l’ondée. Tandis que la première partie de cette étude nous transportera fort loin de nos habitudes d’esprit, la seconde, au contraire, nous ramènera dans un domaine que nos philosophies, nos sciences ou nos arts nous ont rendu familier.

Certes, la peinture chinoise est régie par des idées spéciales. Née au sein d’une civilisation fort différente de la nôtre, elle peut, à certains égards, se présenter sous un aspect qui la rend incompréhensible. Il serait étonnant, cependant, que l’intelligence occidentale ne parvînt pas à pénétrer une esthétique dont la grandeur ne saurait être méconnue. Le développement de l’histoire et de la critique nous a permis détendre nos facultés de compréhension aux formules les plus singulières. Notre culture nous permet de percevoir la beauté d’une fresque égyptienne ou d’un bas-relief assyrien, aussi Lien que d’une mosaïque byzantine ou d’un tableau de la Renaissance. Nous n’avons donc aucune raison de rester fermés à la compréhension de l’art d’Extrême-Orient et nous avons, certes, toute la vigueur d’esprit nécessaire pour nous accoutumer à l’étrangeté de ses apparences. C’est dans la peinture que ce caractère d’étrangeté est le plus accusé. Il tient d’une part à une technique spéciale, d’autre part à la nature des doctrines inspiratrices. Il convient donc de se familiariser avec ces aspects nouveaux de l’âme humaine. C’est la raison d’être de ce petit livre. Il constitue une introduction dont on ne se dissimule pas les lacunes et que l’on présente en toute modestie.