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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/129

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gatienne

secousse d’horreur qu’on avait ressentie d’abord devenait de l’effarement en présence du désespoir mortel de la jeune femme. Elle ne revenait à la vie que pour perdre la raison.

Après plusieurs jours d’angoisses inouïes, Fabrice prit une résolution brusque. Un matin, sa sœur et lui enlevèrent Gatienne ; on l’installa dans un coupé-lit. Et, lorsqu’elle s’éveilla de l’une de ces longues torpeurs pendant lesquelles on la croyait morte, ses yeux se fermèrent éblouis, puis se relevèrent et s’oublièrent longtemps dans une extase adoucie. La Méditerranée s’étendait molle et bleue jusqu’au bord d’un ciel pur qui la touchait à l’horizon. Un jeu de vagues neigeuses glissait à la surface.

Dans ce cadre élargi, plein de la solitude infinie de la mer, et d’où montait le bercement monotone de sa grande voix, Gatienne ne retrouvait plus la vision de son réveil de noces.

Le cauchemar qui étreignait son cerveau se fondait, se noyait, roulé dans les volutes sans fin de la vague, éparpillé dans la volée d’écume qui jaillissait de leurs masses entrechoquées.

Tel que Fabrice l’avait prévu, ce soudain chan-