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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/128

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gatienne

Elle soufflait, étouffée par le sang qui montait : un sifflement passait dans sa gorge, plus sourd à chaque minute.

Tout à coup, elle eut cette convulsion de la mort qui soulève et se dressa à demi. Dans cet éclair, elle fit un geste, et ses bras se mirent en croix.

Elle était morte ; mais son poing était retombé en plein dans les flammes. Et la lettre brûlait. Puis le feu grésilla sa peau, tordit ses doigts, courut autour du poignet, gagna la manche, le bras, s’enroula autour de son épaule, atteignit ses cheveux blancs qui flambèrent, la couronnant d’une subite auréole, et, lentement, peu à peu, la dévora, dans le silence de la nuit qui s’achevait, tandis que, sous la porte de la chambre nuptiale, passait le frisson léger des soupirs.

Le lendemain, lorsque Gatienne, surprise du silence de grand’mère, entra, pensant l’éveiller, elle eut un cri d’horrible épouvante et s’abattit raide près du cadavre à demi consumé.

Les inquiétudes qu’elle donna ensuite, lorsqu’elle eut repris ses sens, effacèrent presque pour Fabrice et les amis de mademoiselle Prieur l’impression violente de cette mort cruelle. La