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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/166

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gatienne

Celui-ci prit un air enjoué :

— Comme les petites filles ont peu de mémoire ! car vous n’aviez guère plus de seize ans alors. Rappelez-vous le quai des Augustins, les fêtes de grand’mère et vos deux camarades, Robert et Alban…

Gatienne sentait courir sur elle le regard de Fabrice.

— Je me souviens, dit-elle lentement.

Puis son visage prit une expression désespérée ; sa voix toute vibrante de larmes s’éteignait.

— Mon mari vous dira que, depuis l’accident terrible arrivé à grand’mère, j’ai dû, pour ma raison, chasser les souvenirs qui me la rappelaient. Excusez-moi, je vous avais oublié…

Fabrice, lui ôtant rapidement l’enfant des bras, l’étreignit, lui coucha de la main la tête sur son épaule. En même temps, d’un signe, il disait à Robert de ne pas répondre. Celui-ci, les yeux fixés sur ce couple enlacé, muet et froid, regardait pleurer Gatienne.

Clotilde, dépitée de l’inattention de Robert, pianotait de ses doigts impatients sur le dossier d’un fauteuil.