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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/35

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gatienne

ignorante se défiât, mais son horreur du mensonge la défendait.

Élevée dans l’indépendance et la responsabilité de ses actes, elle agit avec Robert suivant l’inspiration de sa conscience, sans scrupule du mystère qu’elle gardait. Interrogée, elle eût répondu vrai.

Robert le savait, et il tremblait chaque jour qu’on l’amenât à un aveu.

Aussi il s’effaçait, il disparaissait aux yeux de mademoiselle Prieur, dans le but de se faire oublier d’elle ; et mille précautions accompagnaient ses entrevues fugitives avec Gatienne.

De sa porte entre-bâillée, il suivait de l’œil la vieille grand’mère, quand elle descendait, son panier au bras. Et, leste, il grimpait un étage. Le temps de serrer dans les siennes les mains de la jeune fille, mettant dans cette étreinte une expression que l’enfant ne devinait pas, et il s’esquivait. Le soir, rendu plus impatient par ce refus, il rôdait, guettant l’heure accoutumée où mademoiselle Prieur descendait, un peu lourde, se tenant à la rampe, le pied hésitant dans l’escalier sombre, et portant complaisamment, tendrement, son chien qu’elle menait promener.