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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/36

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gatienne

Elle attendait huit heures ; les ouvriers sont passés ; il y a moins de monde sur les quais. On vient d’allumer le bec de gaz planté droit en face de la maison. Elle s’installait dans la tombée de clarté qui traçait à Follette la limite de ses ébats, et la surveillait, maternelle, attendrie.

Le chien bondissait, tournait, flairait le pied des arbres, aboyait aux passants, sautait aux genoux de sa maîtresse et repartait soudain, balançant son panache.

C’était un quart d’heure d’émoi pour la vieille fille ; chaque voiture qui passait lui arrachait des cris.

On l’entendait de la maison. Les fenêtres du deuxième étage n’étaient point éclairées, mais ouvertes à l’air frais, les rideaux tirés. Gatienne accoudée regardait en l’air la débandade des nuages gris qui fuyaient devant un magnifique lever de lune.

Par-dessus la ligne des platanes qui bordaient le quai, à droite les tours de Notre-Dame montaient noires dans le ciel clair. Une paix rêveuse planait sur ce côté de l’horizon, tandis que des lueurs blondes égayaient le côté vivant de Paris,