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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/75

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gatienne

— Voyons, grand’mère, ne vous tourmentez pas ; ce n’est pas un malheur si je reste fille…

— Mais tu aimais Robert !

— C’est possible ; je ne m’en souviens plus. Vous ne me croyez pas ?… Nous avons beaucoup causé ensemble ces jours passés ; rappelez-vous ! Vous m’avez appris de terribles choses que j’ignorais. Je sais maintenant ce qu’est un mari… et comment on l’aime. Je n’aime pas Robert.

Mademoiselle Prieur crut à un caprice et la tourmenta pendant plusieurs jours.

— Tu lui gardes rancune de son hésitation, disait-elle ; cela passera.

Au fond, son ambition maternelle souffrait de ce refus qui enlevait à la jeune fille la chance sans doute unique de devenir une riche et grande dame.

Peu s’en fallait qu’elle ne regrettât de l’avoir si fort effrayée des premières poursuites de Robert. Maintenant elle ne tarissait pas sur ses mérites.

Mais, avec une logique impitoyable, la jeune fille la ramenait sans cesse au point de départ de toute cette histoire. Il fallait bien en convenir, Robert ne s’était décidé à l’épouser qu’après avoir