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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/74

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gatienne

aux yeux de Robert l’apparence de quelque vision céleste.

— Gatienne !… murmura-t-il ébloui.

Elle éleva la voix et, scandant ses mots, répéta :

— Je ne veux pas me marier.

La fureur le secoua. Il s’avança menaçant :

— Ce n’est pas sérieux. Gatienne !…

Elle soutint son regard, droite et superbe, dans une immobilité implacable. La rage de son orgueil blessé poussait Robert à une attitude insultante : sans la frénésie de son amour, il eût souffleté la jeune fille de l’aveu de sa faute.

— L’accueil que vous faites à ma demande est au moins… singulier, dit-il avec un mauvais sourire. Vous réfléchirez, je l’espère.

Et, saluant mademoiselle Prieur interdite :

— J’attendrai votre réponse, mademoiselle.

Il sortit.

— Tu es folle !… s’écria mademoiselle Prieur, les bras levés. Tu le refuses, lui ?…

La jeune fille fit un grand effort ; ses lèvres convulsivement serrées trouvèrent un sourire ; elle vint s’asseoir aux pieds de grand’mère, tombée toute saisie dans son fauteuil.