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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/78

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gatienne

blaient ; il se demandait si la jeune fille, dont il éprouvait aujourd’hui la haine, ne se serait pas montrée moins sévère pour Alban. Et il le fuyait, sans que celui-ci parût s’en apercevoir, tout absorbé lui-même par son rêve. Cependant ce rêve prit fin.

Alban se fût silencieusement sacrifié au bonheur de son frère si celui-ci eût été aimé de Gatienne. Il le surveilla longtemps et acquit la certitude que nulle relation n’existait entre eux. Son dévouement était donc inutile. Il prit courage et résolut de demander pour lui le trésor que Robert avait sans doute dédaigné.

Un matin, il vint chez lui et le trouva sombre, débraillé, la barbe longue, vautré sur un canapé, le brûle-gueule aux dents.

Robert grogna ; il n’aimait pas à être dérangé.

— Comment vas-tu ?

— Fiche-moi la paix !

Alban eut le cœur serré. Il fit le geste de reprendre la porte.

Robert l’appela :

— Eh bien, voyons, que me veux-tu ?

— Je voulais te demander… te faire part…