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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/82

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gatienne

s’embarque sur un vaisseau qui va aux Indes ; je le suivrai.

— Toi ? cria Robert.

— Allons, adieu ! dit brusquement Alban.

Il saisit les mains de Robert, qui pendaient inertes, les secoua dans une étreinte passionnée et s’enfuit…

— Alban, Alban !… mon frère !… Mais c’est horrible !…

Robert se prit la tête à deux mains. Quoi ! son frère, cet enfant dont il ne s’était jamais séparé, il s’en allait seul, au bout du monde, chassé par ses menaces, désespéré par son amour !… Il l’abandonnait !…

Gatienne aussi était perdue pour lui. On le fuyait, on le repoussait. Un grand vide se creusait dans sa vie où tout disparaissait.

Un instant il pensa :

— Si je m’embarquais, moi aussi ?

Mais sa passion revint lui tenailler le cœur.

Alors il ressentit de la haine pour sa victime. Décidément, on ne se vengeait pas ainsi ! Mais elle céderait, Gatienne, ou malheur à elle !

Et pourquoi pas tout de suite ?