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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/81

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gatienne

je le jure sur la mémoire de notre mère, si tu demandes Gatienne, si l’on te la donne, je te tue.

— Malheureux ! s’écria Alban jetant ses bras autour du cou de son frère, comme tu l’aimes !… Mais alors, pourquoi ?…

— Ne me demande rien. Plus tard… Seulement oublie-la.

Un silence se fit. Alban songeait : « Robert souffre à devenir fou. Peut-être Gatienne l’a-t-elle repoussé ? Peut-être pense-t-elle à moi ? »

Une angoisse le déchira.

S’il s’éloignait cependant ? Robert parviendrait sans doute à se faire aimer : ils seraient heureux !…

La résignation lui venait, presque facile à sa nature un peu molle et absolument dévouée. Mais il gardait l’effroi de cette scène et la voyait revenir inévitable, si quelque chose d’immédiat ne brisait à jamais l’espoir qu’il gardait malgré lui.

— Soit, dit-il tout à coup ; il faut en finir. Tout cela tournerait mal.

Sa pâleur revenait, avec une émotion plus vive. Il ajouta, affermissant sa voix :

— Bargemont part demain pour le Havre ; il