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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/96

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gatienne

Elle eût crié de la sensation qui descendait dans tout son être. En même temps, un invincible besoin de retrouver cette joie aiguë la ramenait vers les yeux de Fabrice. Ses paupières battaient, dévoilant à chaque instant la clarté d’aurore qui venait de se lever au fond de ses yeux sombres et la voilant soudain sous la frange allongée des cils. Elle le cherchait et le fuyait, désespérée de le chercher encore et avide de le revoir dès qu’elle ne le voyait plus.

Tant que dura la soirée, d’un bout du salon à l’autre, sans se parler, ils se pénétrèrent, s’unirent, échangèrent d’inexprimables voluptés. Et, la soirée finie, Gatienne sortit de cette maison comme d’un rêve de bonheur divin, avec les sanglots du réveil ; tandis que, resté le dernier, Fabrice écoutait parler d’elle.

Il apprit qu’elle avait vingt-cinq ans, qu’on la croyait élevée en province ou au Marais. Depuis bientôt huit ans, elle habitait les Batignolles. Une vertu très haute et très douce. On l’avait connue fort mélancolique ; elle semblait s’éclairer maintenant. Néanmoins on ne pouvait l’amener au mariage : sa grand’mère se désespérait. Un dé-