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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/95

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gatienne

cheveux blancs. Car elle était bien vieille, et un peu sourde même ; malgré cela, toujours belle avec son visage régulier, noble et fier, et son teint couleur d’ivoire brillant comme une cire.

— Vous n’allez pas danser ? dit-elle à Fabrice. Allez donc, je vous en prie ; les vieilles gens ont l’habitude d’être abandonnés.

Mais vite elle se reprit :

— Je ne dis pas cela pour me plaindre. Dieu m’a donné une compagnie comme il n’y en a pas beaucoup sur la terre.

Le jeune homme tourna la tête, et son regard entra dans le regard de Gatienne, arrêté sur lui avec un indéfinissable émoi.

Cette fois, il se leva, entraîné par une chaîne invisible ; et, Gatienne s’étant mise au piano, il s’accouda près d’elle, les yeux rivés à ses paupières baissées.

Et telle fut la puissance de sa pensée, ainsi projetée par ses prunelles fixes, que la jeune fille fut contrainte de lever les yeux et de recevoir cet attouchement mystérieux de l’âme qui donne les mêmes frissons que le contact des lèvres.