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Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/150

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Dès que M. de Labut fut sorti, Sylvère jeta sur elle une mante, prit son chapeau, et, toujours courant, se gantant en chemin, elle alla prendre l’omnibus de la Madeleine, qui passait au bout de la rue des Vosges.

Un des nombreux supplices de Sylvère, ces promiscuités de omnibus. Elle y souffrait jusqu’à la nausée. Elle retenait son souffle, encore qu’elle eût parfumé sa voilette épaisse, à l’endroit de la bouche, afin de mettre comme une buée odorante entre son aspiration et l’air vicié.

Le plus souvent, elle se tenait sur la plate-forme, sous l’escalier, cahotée, s’accrochant des deux mains à la barre d’appui, mais isolée, ou presque, de tout contact.

Elle aurait préféré marcher, si elle avait eu du temps à perdre.

Quant aux voitures, c’était pour elle un extra coûteux, et elle se reprochait encore d’en abuser, tant il y avait de besoins autour d’elle, auxquels, seule, elle devait subvenir. Chaque petite économie de ce genre, réalisée, la rendait intimement toute fière, avec la joie d’un sacrifice qui profiterait à d’autres.

Mais l’orgueil n’entrait pour rien dans ses répugnances. Aucun mépris de la foule des humbles, nul sentiment d’humiliation à se voir mêlée à eux. Ce n’était qu’une délicatesse de peau, une révolte de ses sens affinés qui la rendaient, plus qu’une autre, sensible aux fragances comme aux effleurements.

Sylvçre accourait près de Louise.

Mme de Bléry n’était pas seule, bien que ce ne fût pas son jour. La femme de chambre fit attendre Mme du Parclet et alla prévenir sa maîtresse.

Peu d’instants après, elle revint :

— Si madame veut bien prendre la peine de me suivre.