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Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/169

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s’écria Sylvère tout ensoleillée par une bouffée de gaieté subite.

Une vague joie l’avait comme réveillée de sa mélancolie éternelle ; sa jeunesse lui remontait aux yeux, aux lèvres. Elle se mit à rire d’un petit gloussement clair, presque enfantin, et s’écria :

— Savez-vous que j’ai quelque envie d’y aller, à votre bal costumé ?

— Alors, c’est entendu, répondit Paul Ruper radieux, se levant pour partir ; je vais prévenir Louise.

— Quant au costume… commença Sylvère.

Mais il l’interrompit :

— Chut ! Pas un mot, cela nous regarde…

— Mais…

— Au revoir.




Depuis le mois de juillet, José de Meyrac n’était pas retourné chez Sylvère. Ils avaient seulement échangé quelques lettres. Lui, protestait toujours de son dévouement. Même un article, signé de l’un de ses pseudonymes, avait paru dans un grand journal politique.

Une après-midi d’avril, Sylvère reçut un télégramme de José, lui annonçant sa visite ; une affaire pressée à lui communiquer et qui l’intéressait.

Justement, ce jour-là, elle attendait le directeur de la Revue des Universités. Et, les feuilles éparses, elle se désespérait à raccorder les coupures qu’il lui avait indiquées d’un coup de crayon rouge comme une blessure. Ses nerfs vibraient de la sainte colère des artistes condamnés à mutiler leur œuvre, et condamnés, non par leurs maîtres ou leurs frères en art, mais par d’admirables administrateurs, de parfaits et très intelligents financiers, lesquels n’ont nullement qua-