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Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/216

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— Plus de surprise, plus d’assaut ?

— Rien… mais vous m’aimerez ?

— Faites-vous aimer.

— Que faut-il faire ?

— Hé ! monsieur ! vous ne m’avez seulement pas fait la cour !

— Oh ! si j’avais su !… Si j’avais pu croire… Je suis impardonnable, mais pardonnez-moi, je réparerai… Vraiment, je croyais que vous me repousseriez toujours… Alors, ma foi ! vous êtes si belle !

— Fi ! Du bonheur volé !

— C’est vrai ! Oh ! qu’il sera doux celui que vous me donnerez !

— C’est bon, c’est bon, ouvrez cette porte, enjôleur !…

— Mais vous reviendrez, charmeuse ?…

— Certainement, mon cher directeur. N’avons-nous pas à travailler ensemble ?

Elle riait.

— Vous êtes un ange !

— En attendant, bonsoir.

Lentement, sans en avoir l’air, elle ôtait le verrou, ouvrait doucement la porte, en le tenant sous son regard riant, prometteur.

Mais il s’aperçut de la manœuvre et la rattrapa comme elle se glissait dehors.

— Eh bien ! et ce baiser ? Je ne vous tiens pas quitte.

— Un marché alors ? Il vous faut des arrhes ?

— Non, dit-il, vaguement soupçonneux, mais une preuve que je ne vous déplais pas trop. Il la retenait, méfiant, lui serrait les coudes et la sentait trembler.

Et, du genou, il barrait la porte.

Une rougeur intense empourpra Sylvère ; son courage l’abandonnait. Mais cette défaillance même la servit.