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Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/217

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— Laissez-moi, murmura-t-elle, les yeux demi clos, en détournant sa tête, qui, de dégoût penchée, donnait l’illusion d’un spasme.

— Alors, à bientôt ? entendit-elle, bas, tout près de son oreille, dans un souffle ardent qui devint un baiser.

Et elle balbutia, demi morte :

— A bientôt ?…

Il la lâcha ; elle descendit, en trébuchant, les premières marches d’un escalier qui commençait tout près de la porte, sans songer qu’après être entrée par les bureaux, devant tous les employés, elle s’en allait par la porte dérobée !

Mais elle n’avait qu’une pensée : s’échapper, fuir. Et dès qu’elle aperçut le jour de la rue, un grand cri sourd râla dans sa gorge.

Elle traversa en courant le vestibule, la cour d’entrée, se jeta vers la voiture où Mme de Bléry l’attendait en lisant. Le valet de pied n’avait pas eu le temps de se précipiter qu’elle avait ouvert la portière et s’engouffrait, épouvantant Louise.

— Qu’y a-t-il ? Tu me fais peur ! Sylvère !

— Emmène-moi vite !…

— A l’hôtel, cria Mme de Bléry.

Et la voiture roula.

— Ma petite Sylvère ! Il ne t’est rien arrivé, dis ? Oh ! réponds, je t’en supplie.

— Non, rien, laisse, j’étouffe. Je voudrais crier, je voudrais tuer !… Le misérable ! J’ai dû promettre, j’ai dû jouer l’infâme comédie, pour échapper à l’outrage.

Et elle raconta à Louise le piège où de Labut avait tenté de la prendre.

— C’est une fière canaille, tout de même ! gronda