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Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/230

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— C’est-à-dire que cela commençait à m’inquiéter, et si j’ai pressé son départ…

— Merci : c’est à mon intention ?

— Peut-être !

Louise, finement, regardait Paul ; mais il la surprit :

— Tu peux m’aguicher. C’est fini, vois-tu ; je n’espère plus. Il est possible que Sylvère, dans la floraison de ses trente ans, se réveille enfin, sous l’aiguillon de la chair, mais elle en souffrira davantage et ce sera tout. Car son cas se complique d’une incapacité morale de comprendre la grandeur et la sublimité de la chute. La passion restera éternellement pour elle « la faute ». Et Sylvère a la religion, que dis-je ? la bigoterie du devoir.

— A moins que… commença Louise.

— Tu dis ? Allons, achève.

— Mon Dieu, je pensais tout simplement qu’il se pourrait peut-être que Sylvère rencontrât quelque jour le… virtuose qui saurait chanter sur sa guitare les chansons qui lui plaisent, et que tu ne sais pas.

Paul leva les épaules :

— Tu ne la connais guère : elle m’a donné son cœur, sa foi, elle me gardera tout cela, pieusement, et quand même !

— Eh bien ! et toi ?

— Moi ?

Paul sonna pour arrêter la voiture devant le Café Anglais.

Et, descendant, il chantonna :

— « Moi, j’en ferai de même. » Adieu, à demain. A l’hôtel, n’est-ce pas ?

— Non, répondit Mme de Bléry, au télégraphe, d’abord.

Elle descendit et adressa cette dépêche au baron Brelley : « Ce soir ».