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Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/249

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baron Brelley et que, moins que toi, mauvaise, je ne sois aimée ?… Ne sommes-nous pas dans le même cas ?…

Mme de Bléry embrassa tendrement Sylvère, soupira, et répondit :

— Attendons.




Un matin, Mme du Parclet songea, tout a coup, à une démarche qu’elle avait oublié de faire le jeudi précédent ; et, se reprochant cet oubli, elle se hâta de s’habiller et sortit.

Plus à l’aise pour marcher seule, maintenant qu’elle était toute vêtue et envoilée de noir, Sylvère, que cette première belle journée de printemps — on était à la fin d’avril — rendait légère, presque heureuse de vivre, se prit à suivre les rues, le pont, les quais, encore des rues, et arriva, vers dix heures, devant la grille d’entrée de Sainte-Anne.

Elle pénétra familièrement dans la longue allée toute bordée de marronniers et de platanes, nouvellement feuillus d’un joli vert tendre, sous lesquels se promenaient déjà quelques malades raisonnables, qui, cependant, la regardaient passer, avec une fixité vaguement inquiète, cette sorte de méfiance envieuse qui gêne dans le regard des gens involontairement enfermés.

Elle longea le demi-rond-point, tout gazonné, qui élargit l’allée devant le bâtiment occupé par les médecins de l’établissement, puis laissa derrière elle les divers pavillons du service, le pavillon Lefuel, le service des femmes, et vint jusqu’au dernier pavillon des hommes. Là un coupé stationnait.

Un silence morne, trop profond pour une cité