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Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/296

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Sylvère crut comprendre qu’elle s’était trompée, qu’elle avait mal vécu. La suggestion de la chair triomphait, et le spectre moral demeurait seul couché dans la tombe.

C’était la fin de la lutte.

Elle se dressa, lasse, écœurée de vertu jusqu’aux suprêmes nausées, et cria :

— C’est assez !

Elle alla vers sa table et écrivit, à Paul, sans hésiter, cet éloquent appel :

— Je t’attends, ce soir.

Il n’était pas six heures. Elle sortit et fit porter ce message par un commissionnaire, avec ordre de le remettre à Paul Ruper lui-même.

Ensuite, elle attendit.

Mme du Parclet venait de donner son premier rendez-vous d’amour. Elle était donc fort novice ; mais elle avait beaucoup lu, et elle écrivait des romans.

D’abord, elle ne voulut pas penser, craignant une rechute dans les pudeurs désormais abolies. La chasteté habituelle embarrasse les plus déterminées : c’est un vêtement aussi étroit qu’un maillot, et il est difficile de s’en dévêtir. On dirait qu’il colle à la peau.

Donc, elle regardait autour d’elle sa chambre tranquille, austère, où rien, pas même une fleur, n’égayait les yeux, pas un chiffon câlin, pas une note alanguie. Son lit, un divan sobrement recouvert d’un drap noir semé de fleurs de lis pourpres, demeura clos, sous les coussins épars. Seulement elle envoila de blanc l’abat-jour de sa lampe.

Elle ne savait plus que faire. Elle attendait.

Toutefois Sylvère se mit à penser qu’elle devrait être vêtue de blanc, craignant que le deuil de sa robe ne l’entraînât peut-être en des mélancolies. Et elle cher-