et de confiance en moi pour croire que, lorsque je serai à lui, je saurai le reprendre.
— Que ne l’as-tu pris, d’abord, afin de le mieux garder ! soupira Mme de Bléry.
— Oui, peut-être. Mais il ne saurait faire, à sa future femme, un grief sérieux de son trop de vertu.
— C’est un grief d’amant. L’homme épris pardonnerait plutôt d’être trop passionnément aimé…
— Alors, Paul croit que je ne l’aime pas… assez.
— Il y a longtemps qu’il en est persuadé.
— Et si je lui prouvais qu’il se trompe ?
— Toi !… Tu en es incapable !
— Je l’ai fait, cependant.
— Que dis-tu ?… Répète !… vite… Oh ! mais, tout changerait !… Toi, toi, Sylvère, tu as appartenu à mon frère…
— Il n’a tenu qu’à lui… Je lui ai écrit, de façon à ce qu’il ne pût s’y méprendre, que je l’attendais…
— Quand ?
— Cette nuit !…
— Ah ! trop tard, trop tard !…
— Comment, que veux-tu dire, toi aussi ? Que s’est-il donc passé de si irrémédiable, cette nuit ?…
— Irrémédiable, en effet. Il signait son contrat de mariage. Ah ! si tu savais combien cela me rend malheureuse !…
Et Mme de Bléry, tout en larmes, se tordait les mains.
Sylvère ne broncha pas. Ses paupières battaient ; elle était défigurée, la face bleue, tirée, spectrale ; mais son cœur semblait mort ; elle ne le sentait plus.
— Tu dois te tromper, dit-elle très froidement. Tu calomnies ton frère. Il est incapable de cette déloyauté.
— Eh ! les hommes !… Incapables de planter là une