filles ont accompagnée, les plus chères : Emmeline Denauve et Mathilde de la Vanière.
Toutes trois, arrêtées, les mains unies, se regardent avec des pleurs.
Mathilde dit :
— Nous reverrons-nous ?
— Au ciel, j’espère, murmure la douce Emmeline.
Mathilde lève impatiemment ses belles et déjà grasses épaules :
— Nous parlons d’ici-bas, ma chère.
— Je propose, dit Sylvère, d’échanger un serment.
Et, romanesque, elle ajoute :
— Dans dix ans d’ici, en quelqu’endroit que nous soyons, nous tenterons de nous réunir. Moi, je m’y engage.
— Dans dix ans : c’est bien long ! Enfin, reprend Mathilde, soit, dans dix ans… si les embarras de mon ménage le permettent.
— Quel ménage ? soupire Emmeline.
— Mais, mon mari, je Suppose, et, je l’espère, mes enfants. Tiens ! croyez-vous que j’ai la vocation d’être vieille fille ! Non ! Pas plus que vous, Sylvère.
— Oh ! moi !
— Eh bien ?
— Tout m’est égal.
— Quoi ! vous ne désirez rien ? Vous ne vous faites aucune imagination de la vie que vous voudriez vivre.
— Non… parce que… je ne sais pas !… quoi.
— Vous ne savez pas, quoi ?…
— Ce que je voudrais, parce que je ne sais pas ce qui existe.
— Vous ne ressentez aucune aspiration, aucun désir pour quoi que ce soit ?