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Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/41

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turée d’une cordelière, elle paraîtrait monacale, étant très enveloppée et rigide ; mais sa tête est enfouie sous un béret blanc qui souligne drôlement son profil de vierge, et ses cheveux fous lui embroussaillent les yeux d’une crêpelure qui paraît fauve au soleil. D’ailleurs, près du cou, et comme boutonnant sa robe, une touffe de bruyères roses étoile coquettement son corsage.

Elle tire une boule d’opale qui pend sur sa poitrine, et amène, par l’échancrure de sa robe, une mignonne montre qu’elle regarde longtemps, attentive. Puis elle se penche encore sur le chemin désert. Rien ne bouge : l’horizon semble noyé dans la ligne brillante qui paraît tourner en demi-cercle autour d’elle, comme si cette mer lointaine, à peine entrevue, environnait toute la terre ainsi qu’une île immense. Et, sur la lande étalée, s’en allant mourir vers les grèves, lui semblent immobiles les troupeaux retenus au piquet, les vaches rêveuses, si calmes en leurs pas rares et lents, et si longuement arrêtées, le mufle tendu, l’œil plein de songes. Seules, les alouettes qui montent tour à tour dans le ciel, palpitantes et folles, chantent éperdument, vers le soleil qui les enivre, leur cantique d’amour.




— Mon enfant !

— Grand’mère ?

— Je suis bien vieille !

— Coquette, vous êtes toujours jolie.

— Ne ris pas. Je n’ai pas longtemps à vivre maintenant ! Tout finit !

— Voulez-vous bien vous taire ! Ai-je donc commis