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Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/68

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rédacteur en chef, Blondel, quittait sa case particulière et venait conférencier, toujours intéressant d’ailleurs, chez l’aimable secrétaire. C’était une bonne fortune pour les clients qui attendaient. Ces conversations étaient généralement littéraires, et Blondel, l’éminent critique, essayait là, souvent, sur ces auditeurs de hasard, les coups de boutoir qu’il s’apprêtait à distribuer, dans le grand style, aux naturalistes, d’une part, et aux modernistes, de l’autre.

Un coup de sonnette : les clients tressautaient et deux portes s’ouvraient, une sur l’antichambre pour la sortie discrète de l’expulsé, l’autre sur le salon du secrétaire pour inviter, dans des formes exquises, un nouveau patient à passer chez le directeur.

— Etiez-vous hier soir chez Mme Turmal ? demande à M. Jacques un jeune homme qui attendait son tour, en compagnie de Guy d’Harssay venu là, non pour lui, mais pour recommander quelqu’un.

— Certainement ! un monde fou. Après onze heures on s’entassait aux portes. Plus moyen d’entrer.

— Des femmes ?

— Oui, oui, dit complaisamment M. Jacques.

— Heu ! fit Guy d’Harssay, des robes, peut-être !… Mais diantre, j’oublie que la belle Sylvère était là.

— Qui donc, Sylvère ?…

— Mme du Parclet ; et je viens justement parler d’elle à de Labut.

— Du Parclet ? répéta le jeune homme avec une soudaine vivacité, vous la connaissez ?

— Très bien.

— Je voudrais la voir ; elle m’intéresse énormément. Du talent, vous savez ? Et dans ce talent, un charme qui me… Pourriez-vous me présenter, maître ?