Aller au contenu

Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/82

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

exigeait pour m’avancer une certaine somme et qui me répondit brutalement : « votre peau ».

Et ce banquier de la rue de Londres que j’allai voir ensuite et qui, refusant le billet que j’étais prête à souscrire, me dit :

— Voyons, de bonne foi, pourquoi voulez-vous que je vous oblige ? Vous me refusez la seule chose qui puisse me tenter pour exposer mon argent sur votre signature. Mais j’aime mieux le donner pour rien à la première coureuse venue, si cela peut l’empêcher de mourir de faim, car ces femmes-là nous sont utiles. Et vous, les honnêtes femmes, à quoi nous servez-vous ? à rien.

Et cet abominable Dablis !…

— Voyons ! Voyons ! ma petite dame, calmez-vous. Et espérons que ce monsieur le baron de…

— Quel baron ?

— Eh ! bien là, tout à l’heure…

— José de Meyrac ?

— Ah ! j’avais entendu baron de… Enfin, il sera peut-être honnête, tout de même.

— Oh ! lui ! j’en réponds !

— Comme vous voilà confiante tout à coup ? Ah çà ! mais… est-ce qu’il reviendra souvent, ce monsieur-là ?

— Je l’espère, Janie.

— Et ça fera-t-il bien du plaisir à M. Paul ?

— Pourquoi pas ? un ami !

— Un ami, un ami ! si vite que ça ! Enfin, nous verrons ce que cette amitié-là nous apportera de chance. Car, vrai !… c’est pas pour taquiner le bon Dieu, mais il est devenu joliment sourd depuis quelques années !…

Et la vieille servante remuait furieusement sous le nez de Sylvère la casserole fumante où bouillonnaient des choux.