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Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/83

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— Pauvre Janie ! murmura Sylvère, nous faisons maigre chère, c’est vrai ! Ce n’est pas ma faute, je vous assure, je travaille…

— Hé ! petite madame, c’est pas pour vous que je dis ça ! mais enfin, il n’y a plus de monnaie, vous savez, dans la bourse.

— Et la pension de Lili ? continua Sylvére !

— Et le terme prochain ? grommela Janie.

— Sans compter qu’il m’a encore écrit de lui envoyer de l’argent, là-bas !

— Ah ! pour celui-là, gronda Janie, en bousculant ses plats, il a le temps d’attendre ! Et, comment va-t-il, tout de même ?

— Moins bien.

Sylvère n’eut pas l’air d’avoir entendu lorsque Janie soupira :

— Tant mieux !


José de Meyrac à Sylvère :

« Madame, j’ai lu l’un des deux livres que vous venez de m’envoyer : Thérèse, votre chef-d’œuvre. Thérèse, qui est un livre exquis, parfumé comme les plus jolies fleurs du printemps. Cette Thérèse est une des plus délicieuses créations de jeunes filles que j’aie jamais rencontrée, et vraie, entièrement et profondément vraie.

« Je viendrai, si vous le permettez, à moins que le ciel ne me tombe sur la tête — ce qui est peut-être écrit — vous voir mercredi. Nous causerons plus à l’aise de vos deux livres. Nous causerons aussi de cette dominante de votre inspiration qui est la haine, et pis que la haine, le mépris de l’homme. Pourquoi ce mépris et cette haine ? Après avoir lu Thérèse, je me suis demandé si je devais vous revoir.