Aller au contenu

Page:Peyrebrune - Les femmes qui tombent, 1882.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
19
les femmes qui tombent

d’une volonté implacable, donnait à sa personne exiguë, drapée de vêtements simples, un relief qui n’était point banal.

— Il y a… Sommes-nous seules ?

La baronne demeura impassible.

Yvonne fit un geste indifférent.

— Fort bien. C’était pour vous. Il y a que nous étions deux, hier, dans les petits appartements de M. D… En partant, nous avons échangé nos manteaux. Je vous rapporte le vôtre. Vous plaît-il de le faire prendre dans ma voiture ?

Sans répondre, d’un geste lent, la baronne toucha le cordon de soie de la sonnette.

La femme de chambre entra et la baronne lui donna l’ordre de monter sa pelisse de renard bleu qu’elle trouverait dans une voiture en bas devant la porte.

Puis elle éplucha distraitement le bout de ses ongles roses.

Alors Yvonne se mit à rire, et, la voix railleuse :

— Bonjour, madame ; je n’ai point dit que ma voiture fût en bas. Elle est… où je l’ai fait m’attendre. Et je vais de ce pas vers M. le baron, qui daignera me répondre, je l’espère, quand je lui apprendrai où et comment j’ai trouvé votre manteau.

Une colère rougit tout le visage de la baronne. Elle s’écria impétueusement :

— Qu’ai-je à vous répondre ?