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Page:Peyrebrune - Les femmes qui tombent, 1882.djvu/38

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les femmes qui tombent

— Vous avez à me répondre : « Merci ! » répliqua durement madame Le Boterf. Ensuite…

— Ensuite ?

— … À me payer mon silence.

— Combien ? demanda la baronne avec un geste de dégoût et touchant du doigt un petit portefeuille gonflé, posé sur la cheminée.

— Ce n’est pas l’argent d’Edwards D… que je vous demande, riposta Yvonne, gardez-le.

La baronne bondit sous l’injure et vint à deux pas de la petite créature audacieuse qui la bravait, prise d’une envie folle de la jeter sous ses pieds. Elle lui cria dans le visage :

— Que demandez-vous ?… Parlez ou sortez d’ici !

— Ce que je veux ? répondit tranquillement Yvonne ; je vais vous le dire… Le baron de Monthaut est président du comité d’administration de la Compagnie des Assurances financières. Je désire que M. Le Boterf, mon mari, soit placé dans cette administration aux appointements d’environ huit à dix mille francs. M. Le Boterf est actuellement employé au Gaz ; il gagne trois mille francs. M. D… allait le faire arriver chef de bureau : mais je renonce à sa protection. Je ne veux point affaiblir votre influence sur lui.

» Entendez-moi, madame, je vous abandonne l’homme, l’argent… et je vous laisse l’honneur. Seulement, c’est vous qui seconderez mes ambi-