Aller au contenu

Page:Peyrebrune - Les femmes qui tombent, 1882.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
25
les femmes qui tombent

de l’y rencontrer et d’entendre le récit de ses découvertes. Il ferait mieux de se découvrir des rentes.

— Mais c’est ce qu’il cherche, sans doute.

— Lui, ce rêveur ? jamais de la vie. Il possède une ou deux douzaines de brevets pour toute sorte d’inventions merveilleuses et il se ruine en réclames pour l’honneur de la science et de son nom.

— C’est une noble ambition, prononça gravement madame Le Boterf.

— Des bêtises ! Faut-il être serin pour user son temps à ces farces-là ! Voilà un idiot qui est jeune, joli garçon, qui a dû posséder une certaine fortune et qui mène la vie la plus bête… Tenez, je parie qu’il n’a pas de maîtresse… Non, mais je le parierais…

Madame Le Boterf pinça les lèvres.

La belle fille se mit à rire.

— Je vous scandalise, madame ? que voulez-vous ! je suis artiste, j’ai le parler franc. Il ne faut pas m’en vouloir. Chacun ses manières.

— Artiste ? interrogea dignement madame Le Boterf.

— Nina, de l’Alcazar, pour vous divertir, madame. Il paraît que j’ai du chic.

— Vous chantez ?

— Un peu… Ayez donc de la réputation… dans votre quartier, dit-elle en riant.

Puis elle soupira.