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Page:Peyrebrune - Les femmes qui tombent, 1882.djvu/47

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les femmes qui tombent

Thérèse Leroy se pencha et lui dit quelques mots tout bas. Catherine la remercia d’un regard et lui répondit par des exclamations étouffées :

— C’est indigne !… si vous saviez !… Je suis une honnête fille, madame… si je demande un emploi, c’est afin de vivre de mon travail, et pas autrement. Il a osé me proposer…

— Madame Le Boterf ! appela l’employé.

Yvonne eut un tressaillement ; puis elle se leva, tenant serré dans ses mains un petit sac de cuir, et elle passa, à son tour, chez le directeur.

Un étroit salon rouge, banal, mal éclairé. Auprès du bureau traditionnel un grand jeune homme blond, la tête allemande, des yeux bleus, clairs, souriants.

— Vous désirez, madame ?

Il parlait le français comme un Autrichien. Sa voix douce rendait l’accent agréable.

Yvonne tremblait de tout son corps en s’asseyant ; sa bouche était si pâle et crispée, qu’on ne la voyait plus.

Il reprit, aimable :

— Madame est une jeune veuve qui désire consulter mes registres ? Nous avons de très beaux partis ; mais c’est absolument confidentiel…

— Vous vous occupez de mariages… aussi ? demanda Yvonne.

— En France et à l’étranger. Nos nombreuses relations…