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Page:Peyrebrune - Les femmes qui tombent, 1882.djvu/48

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les femmes qui tombent

Elle l’interrompit :

— Tant mieux ; cela me servira de prétexte, si l’on me rencontrait ici.

Il la regarda, attentif, et cessa de sourire.

Elle respira fortement, et ouvrit son sac de cuir. Puis elle s’arrêta, les doigts perdus dans l’intérieur, le regard levé, fixe. Son visage se marbrait de taches blanches ; une lutte la secouait.

Il se rapprocha, et, entre ses lèvres :

— C’est une communication… sérieuse ?

— Très sérieuse. Vous êtes… correspondant de plusieurs journaux étrangers, n’est-ce pas, monsieur ?

Il dit oui d’un signe de tête.

— Si l’on vous confie des renseignements graves, dont l’authenticité ne soit pas douteuse, vous payez… cher ?

— Très cher.

Yvonne lui tendit brusquement une lettre.

Il la prit, se renversa sur son fauteuil, élevant le papier déployé qui lui cacha le visage et demeura quelques instants immobile.

Puis il pencha un peu la tête hors de cet écran qu’il ne lâchait pas et murmura :

— Combien ?

Elle souffla très bas :

— J’en ai d’autres…

Il se leva, écarta un rideau et lui dit :

— Voulez-vous passer par ici ?