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Page:Peyrebrune - Les femmes qui tombent, 1882.djvu/50

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les femmes qui tombent

Elle dit tout à coup :

— Savez-vous chanter ?

— Parbleu ! est-ce qu’il ne faut pas tout faire en province ? J’ai chanté les premiers ténors d’opérette dans les Cloches, la Petite Mariée, la

— Bravo ! venez à l’Alcazar ; nous cherchons ça.

— Vrai ! vous y êtes ? Ça me décide. Vous devez enlever une salle, vous ! Mâtin, quel galbe !…

Elle souriait, flattée. Ils causèrent plus bas.

Madame Le Boterf allait sortir. Elle retraversait le salon rouge ; Abel Henriet, empressé, lui poussait les portes.

Elle se retourna.

— C’est entendu : cette fille, Nina, aura son rôle dans la Revue ?

— Elle peut y compter.

— Et maintenant, ce jeune homme ?…

— Hector Martin-Dumont ? Un excellent parti, je vous le répète. Famille irréprochable, de l’avenir, un cerveau remarquable. Il sera un jour de l’Institut.

— Bien, vous me le présenterez. Je préviendrai ma fille. Et nous pourrons nous voir sans qu’on soupçonne…

— Profession oblige : nous sommes discrets.

En sortant, Yvonne Le Boterf s’arrêta près de la chanteuse :

— Vous pouvez vous retirer, mademoiselle, votre cause est plaidée : le rôle d’Ève est à vous…