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Page:Peyrebrune - Les femmes qui tombent, 1882.djvu/51

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les femmes qui tombent

— Quoi ! comment ?…

La jeune fille s’était levée d’un coup, effarée, étourdie de joie.

Madame Le Boterf affila son regard et son sourire.

— Vous avez le rôle, tâchez d’avoir les diamants…

— Je les aurai, cria la chanteuse.

— Hum ! murmura Yvonne à son oreille, le baron pourrait bien se dérober. Il est très bas, de finances !

— Il me les donnera, dit-elle avec violence, le regard enfiévré.

Et, baissant la voix :

— Il me les donnera quand il devrait voler ceux de sa femme… — Venez, Léon !

La chanteuse prit le bras du cabotin et quitta la salle, triomphante, bruyante, traînant avec fracas par les escaliers sa robe, sa joie et le jeune homme pâle qui se laissait faire en souriant.

Madame Le Boterf descendit derrière eux, lentement, les bras fermés sur son manteau gonflé : on ne voyait plus le sac de cuir.

Thérèse Leroy s’était levée à l’appel de l’employé ; elle serra la main de Catherine et lui dit :

— Ne désespérez pas, et venez me voir.

— J’irai : merci.

Alors, Catherine Mordon baissa son voile et sortit.

En bas, sous la porte, un homme qui l’avait suivie