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Page:Peyrebrune - Les femmes qui tombent, 1882.djvu/53

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les femmes qui tombent

pour élever deux enfants. Une fois à Paris… j’ai dû quitter cette place…

— Pourquoi ?

— C’est pénible à dire… le père de mes élèves me tourmentait. Je ne me suis pas plainte, pour la paix du ménage ; je suis partie.

— Pauvre petite ! Et où demeurez-vous maintenant ?

— À Neuilly, dans une maison de pensionnaires. Mais je n’ai pas d’argent, il faut que je travaille. Je ne sais rien faire que la classe…

— Vous pourriez entrer dans un magasin.

— Je ne sais pas vendre.

— Vous sauriez toujours bien arranger des chiffons ; toutes les femmes ont cette science au bout de leurs doigts.

Elle ne sourit pas et répondit :

— S’il le faut, j’essayerai.

— Bien, dit-il, vivement. Puisque vous êtes si raisonnable, je m’occuperai de vous. Je sais un emploi qui va devenir vacant…

— Lequel ?

— Celui d’essayeuse dans un grand magasin de confection.

— Qu’est-ce que c’est que cela… essayeuse ?

— Voilà : vous êtes d’une taille moyenne, votre tournure est gracieuse, on drapera sur vous les vêtements qu’on voudra faire valoir aux yeux des