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victoire la rouge.

la Victoire et de l’envoyer faire son paquet. Il cognait son bâton par terre et contre les arbres, en se fâchant tout haut.

Dans la maison, rien ne bougeait. La fermière avait posé son tricot sur ses genoux minces, et, les doigts croisés, elle regardait par la fenêtre, en l’air, dans le bleu flambant du ciel, comme si elle y cherchait le Dieu de sa foi très-humble pour l’implorer.

Dans le village, on disait que la femme du maire, aujourd’hui infirme pour quelque rude coup qui lui aurait rompu les os, un jour où son mari l’avait surprise à mal faire, était autrefois une fine et gracieuse paysanne, douce et faible, que le mal d’amour avait touchée. Elle avait fauté, disait-on, sans que l’on sût, au vrai, si la faute avait dépassé l’effarement de son âme. Mais son corps en avait pâti, puisque depuis douze ans elle vivait sur sa chaise, au coin du foyer l’hiver,