Aller au contenu

Page:Peyrebrune - Victoire la rouge.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
12
victoire la rouge.

Pour sûr, elle était contente de son sort et n’imaginait pas une vie plus heureuse que la sienne.

Toute la belle saison, elle fut employée dehors ; le matin bêchant les vignes ou sarclant les blés, à l’aise dans sa jupe écourtée, ficelée lâche au-dessus des hanches où bouffait sa chemise de grosse toile bise, qui fermait en rond autour de son cou. Les bras nus, les jambes nues, les pieds chaussés de boue, larges, écartés pour la tenir d’aplomb. Elle suait et râlait, faisant secouer sa chair à chaque battue lourde du bigot, qu’elle relevait assez vivement en le serrant dans ses deux poings.

Le soir, elle flânait, poussant ses bêtes le long des champs des voisins, où elles broutillaient toujours un peu en passant, comme il est d’usage. Et l’on entendait la Victoire crier, de temps à autre :

— Ici, Faraud ; là, là, tourne, pique, pique…