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Page:Peyrebrune - Victoire la rouge.djvu/204

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victoire la rouge.

C’était vers la fin d’octobre, et déjà le froid piquait. Toute la châtaigneraie était ainsi battue, de place en place, et les sacs s’emplissaient que l’on hissait sur le dos des ânes, comme des bâts.

Partout dans les fossés, au bord des terres que couvrait le bout des branches, des gens baissés fouillaient les ajoncs, se blessant aux pelotes vertes qu’ils écrasaient cependant du sabot pour en extraire le fruit. Ici point de chansons et point de rires : on ramassait pour sa faim, avidement, sur un sol rude et dur, où mourait la dernière fleur des bruyères violacées, où pleuvait, sous le vent, le grain du genévrier qu’avaient oublié, en passant, les dernières grives.

Tout à coup, ceux du Cournil se redressèrent lentement, avec une surprise muette. Au bord du bois une forme humaine s’était levée du fossé, énorme dans ses haillons, décharnée et pâle.