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Page:Peyrebrune - Victoire la rouge.djvu/224

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victoire la rouge.

de monde fini. À peine une fouettée du vent dans les neiges qui se frôlaient en l’air.

Tant qu’elle l’avait pu, Victoire s’était battue avec les grands châtaigniers, faisant pleuvoir, à coups de gaule, ensemble les paquets de neige et les « pélous », déjà noircis par la gelée.

Elle était coiffée d’un bissac, comme d’une cagoule de moine, qui lui descendait sur les épaules.

À la voir gesticuler de ses bras infatigables, les paysans des coteaux voisins s’inquiétaient de cette ombre fantastique qui s’agitait éperdument, et comme en des gestes étranges, sur le fond blanc des neiges.

Maintenant ils avaient une peur non moins grande de la fille qui travaillait, par des temps pareils, pour le compte du Sauvage, que de l’homme lui-même. Si elle fut venue jusqu’à leur porte, ils l’auraient chassée et pourchassée avec le manche à balai des sorcières et le buis bénit des Rameaux.