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Page:Peyrebrune - Victoire la rouge.djvu/26

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victoire la rouge.

les femmes de plaisir ne revenaient pas toujours ensemble ; et bien des filles avaient dansé sans musique en traversant trop tard les taillis mousseux qu’ombragent les chênes. Mais le bal n’y perdait rien de sa vogue et de sa clientèle ; au contraire. On s’y pressait comme à l’entrée du paradis.

La Victoire y vint comme les autres. Elle s’accota au mur, un peu honteuse, ayant l’air de regarder danser. Mais dans ses jambes ça lui piquait comme si elle eut trépigné dans un fourré d’orties. Elle avait acheté des souliers, et elle s’était tricoté des bas blancs, tout exprès pour cette aventure. Ensuite, la fille des Jameau s’étant mariée, on lui avait passé quelques défroques. Et la Victoire s’était plantée sur le haut de sa poitrine énorme un beau ruban rouge, en forme de nœud, dont les deux bouts pendaient.

Devant elle, les couples se trémoussaient dans la poussière montante, sous la clarté