Aller au contenu

Page:Peyrebrune - Victoire la rouge.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
19
victoire la rouge.

de deux lampes à pétrole ajustées au mur. Des filles lestes valsaient avec des airs de demoiselles de la ville, la tête nue et une rose dans les cheveux. Les garçons tournaient autour des plus coquettes, et cela faisait des rires qui accompagnaient le son clair des violons et le battement énorme qui faisait trembler le plancher.

Entre chaque danse, la foule s’éparpillait, et dans l’auberge où la grosse commère accorte versait à boire aux filles qui se faisaient régaler, et sur la route où flânaient les curieux qui ne dansaient pas, et, un peu plus loin, sous les arbres où l’on s’embrassait.

La Victoire demeurait seule, appuyée au mur, aucun garçon ne s’étant soucié d’elle. Elle pensait que la mère Jameau avait eu raison de lui dire :

— Qu’est-ce que tu veux aller faire là-bas, ma fille ? C’est pas les vendanges ; on ne fait pas encore danser les tonneaux.