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par la fuite ». Mais ils étaient renommés pour leur penchant au vol[1].

Les Bambaras, à l’est des Foules, dépassaient encore tous les autres par leur taille élevée ; ils n’étaient pas d’un beau noir. Golberry les trouve « stupides, superstitieux, robustes, fatalistes au delà de toute idée, paresseux, mais gais et d’un caractère très doux ; leur langage est rude et sauvage[2]. » Ils portaient aux îles le sobriquet de « voleurs de dindes et voleurs de moutons », dont ils étaient très friands[3].

À côté d’eux étaient les Quiambas, non moins grands, mais moins gauches ; ils se marquaient de trois longues raies de chaque côté du visage.

Les nègres de la côte d’Or étaient les plus aptes à la culture ; mais leur caractère altier et vindicatif les rendait difficiles à manier. Citons, parmi eux, les Ibos[4] ; « le chagrin ou le mécontentement le plus léger les porte au suicide[5] ». C’était évidemment une des considérations dont les acheteurs devaient tenir compte, quand ils en avaient fait l’expérience.

À l’intérieur de la côte étaient les Mocos, pauvre espèce, aux yeux bilieux, à la peau devenue jaunâtre, très peu recherchés.

Les Congos ou Francs-Congos, du cap Lopez au cap Nègre, « doux et peu intelligents[6] », étaient les plus communs et les plus estimés à Saint-Domingue. Les traits caractéristiques de la race noire n’étaient pas très marqués chez eux ; ils étaient plutôt de visage agréable et de caractère essentiellement gai. On trouvait en eux de bons domestiques, d’habiles ouvriers et des pêcheurs particulièrement adroits.

  1. Arch. Col., F, 138, p. 397.
  2. Cf. Walckenaër, loc. cit.
  3. Moreau de Saint-Méry, Description de Saint-Domingue, I, 32.
  4. « À l’ouest de la rivière Lagos commence le royaume de Bénin, formant un golfe qui finit au cap Lopez et où sont Bénin, Bony le Vieux et le Nouveau Callabar, Cameron et Gabon. On appelle les nègres de ce golfe Ibos. » Arch. Col., F, 138, p. 382.
  5. Moreau de Saint-Méry, op. cit., I, 36.
  6. Arch. Col., F, 61. Mémoire de 1790.