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Guinée, à faire une espèce de quarantaine ; cependant Elle lui recommande la plus grande circonspection pour ne pas empêcher les Compagnies de faire leurs affaires. Un Règlement du 25 juillet 1708[1] prescrit aux navires de faire ladite quarantaine en observant de mettre tous leurs passagers dans un bâtiment particulier, « où ils seront parfumés pendant vingt-quatre heures ». Nous voyons par un rapport de médecin, du 12 juillet 1715[2], que les nègres atteints de la petite vérole ou de l’escorbut devront être débarqués hors du bourg Saint-Pierre. La cargaison se décomposait ainsi : 227 nègres mâles, 117 négresses, 30 négrillons, 20 négrittes, 3 négrillons et 2 négrittes à la mamelle, Une Ordonnance du roi, du 25 juillet 1724[3], en interprétation d’une précédente, du 3 avril 1718[4], confirme la défense de vendre les nègres avant la visite de santé. C’est pour cette raison d’hygiène qu’en 1764 un certain nombre de colons protestent dans un Mémoire[5] contre la vente à terre des cargaisons de nègres. « Assez ordinairement, disent-ils, les cargaisons de Guinée sont-elles plus ou moins affectées de scorbut… Les premières approches de la terre le font se manifester. » Un Règlement des administrateurs de la Guadeloupe[6], du 10 novembre 1779, fixe à 150 livres les honoraires du médecin pour chaque visite qu’il fera des navires portant jusqu’à 100 nègres ; au delà, il recevra en plus 20 sols par tête, ce qui pouvait monter assez ordinairement jusqu’à 4 à 500 livres.

Cette visite sanitaire constituait une garantie pour les acheteurs. Cependant il est des maladies que le médecin était dans l’impossibilité de constater, Aussi voyons-nous que la juris-

  1. Arch, Col., B, 31.
  2. Arch. Col., F, 251, p, 466.
  3. Arch. Col., F, 69, Cf. aussi Ibid., Mémoire du Roi à l’intendant Blondel de Jouvancourt, 4 janvier 1723.
  4. Durand-Molard, Code Martinique, I, 229, Cf, Lettre ministérielle du 24 octobre 1721, à de Feuquières et Blondel à propos de ladite ordonnance, B, 47, p. 836.
  5. Arch. Col., Colonies en général, XIII, F, 90.
  6. Arch. Col. F, 231, p. 685.