Page:Peytraud - L'esclavage aux Antilles françaises avant 1789, 1897.djvu/143

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Une question en apparence insignifiante, à savoir si la vente des nègres devait avoir lieu à bord ou à terre, provoqua souvent des difficultés et fut l’objet de mesures diverses. D’une part, sur le navire, il est difficile de bien examiner la marchandise. De l’autre, il est nécessaire d’abriter les esclaves, une fois qu’ils sont mis à terre, il faut pour cela « des magasins en planches bien clos, afin de les tenir moins exposés au chique, insecte particulier du pays, qui leur perce les pieds[1] ». On n’y pourvoit officiellement qu’assez tard. C’est ainsi qu’en 1764 les deux Conseils supérieurs de Saint-Domingue défendent de vendre les nègres à bord. Il est dit à ce propos : « Cette sage précaution, qui réunit d’ailleurs plusieurs avantages, est établie dans d’autres colonies et a été anciennement pratiquée dans celle-ci[2]. » Et l’on décide de construire aux extrémités des villes du Cap, de Port-au-Prince, des Cayes, des halles closes où capitaines et négociants pourront « déposer » sans rétribution pendant un mois leurs nègres à vendre. Mais il y a lieu de croire qu’on s’en tint au projet. En effet, au commencement de 1778, le vaisseau négrier le David, de La Rochelle, allant à Saint-Domingue, la nouvelle de la guerre le contraignit de rester à la Martinique. Il voulut essayer d’y introduire l’usage de Saint-Domingue de vendre les nègres à bord ; « mais, huit jours s’étant écoulés sans qu’un seul acheteur vînt à bord, il fallut se soumettre et faire débarquer les nègres[3] ». De plus, voici les renseignements que nous trouvons encore à la date du 27 février 1784 pour Saint-Domingue[4]. Le Ministre répond aux administrateurs qui ont proposé de transformer un hôpital en lazaret, où les noirs seraient vendus, à la charge

  1. Arch. Col., Colonies en général, XIII. Mémoire de 1764.
  2. Moreau de Saint-Méry, Loix et Constitutions, etc., IV, 681 et sqq. Procès-verbal de l’imposition de 4 millions faite par l’assemblée des deux Conseils supérieurs de la colonie tenue au Cap du 30 janvier au 12 mars 1864, art. X.
  3. Arch. Col., F, 133, p. 568.
  4. Arch. Col., B, 186, p. 35. Lettre ministérielle à MM. de Bellecombe et de Bongars.