en même temps : « À l’égard des prétendus réformés, ils ne doivent pas souffrir qu’ils fassent aucun exercice de leur religion. » Un arrêt du Conseil de la Martinique, du 4 septembre 1684, condamne « la demoiselle L’Hermite à avoir un commandeur catholique, à peine de 3.000 livres de sucre d’amende pour chacun mois qu’elle y manquera et même de plus grande peine en cas d’une opiniâtre désobéissance[1] ».
Après la tolérance du début, inspirée probablement par Colbert, ce sont les idées d’exclusion qui prévalent. C’est ce qui explique que le Code Noir débute par l’expulsion des juifs des Antilles ; c’est une confirmation solennelle de l’ordre de 1683, qui n’avait sans doute pas été régulièrement exécuté. L’édit du 23 avril 1615, qui est rappelé par l’article 1, porte que les Juifs sont expulsés du royaume dans le délai d’un mois « sur peine de la vie et de confiscation de tous leurs biens[2] ». Le Code Noir marque donc, malgré tout, une atténuation. Il y a lieu de croire, d’ailleurs, que la prescription de l’article 1er ne fut pas suivie à la lettre, car, dans la suite, nous retrouverons des juifs aux îles. Il est certain qu’ils avaient rendu de grands services. Ainsi c’est un juif du Brésil, Benjamin Dacosta, qui, vers 1644, aurait introduit[3] la canne de Batavia aux Antilles et qui fit connaître à la Martinique les premiers engins de distillation. En réalité, l’intérêt commercial rendit les religieux eux-mêmes plus accommodants dans la pratique. Voici, par exemple, un passage caractéristique du P. Labat à ce propos : « J’avais arrêté un raffineur, en 1704, nommé Corneille de Jérusalem, d’Hambourg et luthérien, pour l’amener à la Guadeloupe. Alors le religieux nommé supérieur à la Guadeloupe m’écrivit qu’il aurait de la peine à se servir de cet hérétique. Je répondis aussitôt qu’il n’avait qu’à me l’envoyer, parce qu’il m’était indifférent que le sucre qu’il ferait fût luthérien ou catholique, pourvu