Aller au contenu

Page:Peytraud - L'esclavage aux Antilles françaises avant 1789, 1897.djvu/219

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE III

MŒURS DES ESCLAVES


« … Si la servitude ôte à l’homme la moitié de sa vertu, elle l’enlève tout entière aux femmes. » (Arch. Col., F, 156. Disc. de Moreau de Saint-Méry, sur les affranchissements, prononcé dans l’assemblée publique du Musée de Paris, 7 avril 1785.)


I. — Degré de moralité originaire du nègre. — Si les Européens l’ont amélioré ou perverti. — Mélange fatal des deux races. — Premier règlement de M. de Tracy (1664). — Mesures subséquentes. — Peines infligées aux commandeurs et aux maîtres.
II. — L’article 9 du Code Noir. — Rapprochement de cet article avec les textes concernant l’esclavage dans l’antiquité. — Exemples de son application. — Insuffisance des prescriptions légales pour empêcher la corruption. — Rôle du clergé, des magistrats. — La question du mélange des sangs.
III. — Du mariage des esclaves au point de vue moral. — Rareté des unions légitimes. — Ses causes. — Pas de famille véritable. — Le triomphe de la bête humaine.


I

Si la religion ne parvint à exercer sur l’âme des nègres qu’une influence peu profonde, en ce sens qu’ils conservaient, malgré tout, la plupart du temps, leurs superstitions, auxquelles ils mêlaient simplement certaines pratiques extérieures du catholicisme, on peut bien penser a priori qu’elle ne modifia que très superficiellement leur moralité. Il faut dire que, dans leur pays d’origine, elle était assez faible, pour ne pas dire nulle. Tout entiers à leur instinct, les