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Le § vii du tome II du P. Du Tertre (pp. 517 et suiv.) est intitulé : Des cases des nègres et du petit ménage qu’ils font pour s’entretenir.

L’auteur nous indique en premier lieu que, « pour éviter la mauvaise odeur qu’exhalent leurs corps, on les place toujours au-dessous du vent du logis de leurs maîtres ». Le P. Labat (IV, 211) nous donne aussi une autre raison de cette précaution : c’est à cause du feu qui se met assez fréquemment dans les cases, et qui ainsi risque moins d’atteindre la maison des maîtres ou les autres bâtiments. En effet, les nègres entretiennent du feu jour et nuit dans leurs cases. Elles ne sont, d’ailleurs, jamais très loin du corps de logis principal, afin qu’on puisse à tout instant les surveiller.

« Chaque nègre qui n’est point marié a sa petite case à part ; l’homme et la femme n’en ont qu’une pour eux deux et pour leurs petits enfants ; mais, dès qu’ils sont grands, le père a soin de leur en bâtir quelqu’une proche de la sienne. » (Du Tertre.) Ces cases « n’ont guère plus de 10 pieds de longueur sur 6 de large et 10 ou 12 de haut ; elles sont composées de quatre fourches qui en font les quatre coins et de deux autres plus élevées, qui appuient la couverture qui n’est que de roseaux, que la plupart font descendre jusques au pied de terre. » Au lieu de roseaux, ils les palissadent souvent avec de gros pieux se touchant les uns les autres, « si bien que leurs cases sont closes comme une boîte ». C’est par crainte du vent, car ils n’y sont que pendant la nuit, et les nuits sont extrêmement froides. Le jour n’entre que par la porte, qui est de 5 pieds de haut.

« Tous les esclaves d’une même famille bâtissent leurs cases en un même lieu, en sorte néanmoins qu’ils laissent 10 ou 12 pas de distance » ; ils les placent en cercle de manière à faire comme une espèce de place au milieu. « M. le général de

    L’auteur rapporte ce qu’il a vu, en 1840 : cases misérables, à part quelques exceptions ; vêtements insuffisants : mauvaise nourriture, etc.