Page:Peytraud - L'esclavage aux Antilles françaises avant 1789, 1897.djvu/31

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Partis le 24 février 1627[1], d’Esnambuc et du Roissey arrivent le 8 mai, après un voyage des plus pénibles. Un certain nombre d’Anglais, commandés par le capitaine Waërnard, s’étaient trouvés débarquer précisément le même jour. Les Français partagent alors avec eux le territoire de l’île. Ils rédigent une convention pour maintenir entre eux des relations de paix et d’amitié. C’est l’article IV qui doit nous intéresser spécialement. Il est ainsi conçu : « Lesdits sieurs gouverneurs ne pourront retirer aucuns hommes ou esclaves dans leurs habitations, qui ne leur appartiendra (sic), ains s’en tiendront saisis jusqu’à ce qu’ils se soient donné avis desdits hommes ou esclaves[2]. » (13 mai 1627.) Ce texte confirme donc très nettement l’existence d’esclaves à Saint-Christophe. Tout ce que nous pouvons dire à ce sujet, c’est qu’ils n’avaient pas été importés par la traite française.

En effet, ce commerce spécial n’avait pas encore été organisé par les Français. Tout au plus allait-il commencer, quoiqu’il ne soit pas permis de préciser la date avec une absolue certitude. Nous constatons seulement qu’en vertu de lettres patentes du 24 juin 1633 « le sieur Rosée, Robin et leurs associés, marchands de Rouen et de Dieppe, eurent permission pour dix ans de trafiquer seuls à Senega,

  1. Margry, op. cit., p. 28, dit : fin janvier ; mais c’est une erreur manifeste ; il suffit, pour s’en convaincre, de lire le Contrat qu’il a reproduit lui-même en appendice. — Les dates que nous donnons sont, d’ailleurs, non seulement indiquées par Du Tertre, mais encore dans un article du Mercure français de janvier 1761, intitulé : Histoire de l’établissement des Français dans les Antilles, p. 32.
  2. Du Tertre, I, 19. Le texte de cette convention existe en double exemplaire aux Arch. col., dans le Carton F2, 15. La pièce qui le reproduit est intitulée : Traité par lequel les sieurs Waërnard., Lieutenant général pour le roi d’Angleterre à Saint-Christophe, et De la Grange, lieutenant général pour le roi de France, ont promis garder et observer les articles et accords convenus ci-devant avec ledit Sr Waërnard et les Srs" de Nambuc et du Rossey ; elle est du 12 août 1638. Il est curieux de constater qu’un des deux exemplaires porte le texte tel que nous l’avons cité d’après Du Tertre, puis une rature mettant le pluriel et complétant la négation : « qui ne leur appartiendront pas. »