Page:Peytraud - L'esclavage aux Antilles françaises avant 1789, 1897.djvu/410

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ou mulâtres. Elles furent promulguées à propos d’un cas particulier, celui d’un mulâtre, Louis, de Saint-Domingue, qui réclamait sa liberté à un M. Le Febvre, bourgeois de Paris. Les considérations historiques du préambule sont des plus curieuses et méritent d’être rappelées en passant ; elles sont tirées des conclusions du procureur du roi, qui a exposé les « abus aussi odieux que multipliés qui se commettent journellement tant à Paris que dans le ressort de la Chambre, à l’occasion des nègres et mulâtres ». Il remonte alors jusqu’au règne de Clovis, époque à laquelle les « seigneurs n’étaient puissants que par l’asservissement de leurs vassaux. Ces derniers, réduits à la plus dure servitude, étaient contraints d’obéir en esclaves, à la première volonté de leur maître ». Ce ne fut que sous la troisième race que « l’esclavage, dont le nom seul révolte toujours, subsistant malgré les adoucissements que des lois sages y avaient apportés, reçut une atteinte mortelle. L’abbé Suger, régent du royaume, en 1141, affranchit par un diplôme tous les gens de mainmorte ; Louis X, en 1315, et Henri II, en 1553, terminèrent définitivement la prescription de toute sorte de servitude corporelle. — Le cri de la liberté devint alors général ; et, si celui de l’esclavage se faisait quelquefois entendre, il était bientôt proscrit par les arrêts de cet auguste corps qui fait le bonheur et le repos de la France. Le Parlement rejeta toujours toute demande qui avait le plus léger rapport à la servitude corporelle. On ne connut donc plus d’esclaves en France. Tous les hommes y vécurent en frères. Il n’y eut plus de différence entre les sujets du même monarque. L’étranger réduit à la servitude y trouva même un asile ; et il a toujours suffi depuis qu’il soit entré dans ce royaume pour y recouvrer un bien qui est commun à tous les hommes. C’est ce qui a été jugé par le Conseil de nos rois, par le Parlement et par plusieurs sentences de ce tribunal, le plus ancien du royaume. » L’auteur dit ensuite que Louis XIII a fait une exception aux maximes du royaume en permettant la traite des nègres en