Page:Peytraud - L'esclavage aux Antilles françaises avant 1789, 1897.djvu/58

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rien n’égale la prospérité matérielle des Antilles à partir de cette époque jusque vers la fin du siècle[1] ; et cela, malgré la politique continentale si étroite de vues et si funeste de Louis XV, malgré les attaques incessantes dont les Anglais nous harcèlent sur mer, malgré tous les désastres de la guerre de Sept Ans. Mais c’est une prospérité toute factice, précisément en ce sens qu’elle dépend du système anormal de l’esclavage et du développement outré des produits d’exportation. Par là elle est exposée aux plus redoutables crises. Nous ne parlons pas pour le moment des conséquences morales de l’esclavage. Il est indispensable de voir d’abord son fonctionnement. C’est au xviiie siècle que nous serons porté à l’étudier plus spécialement ; car on peut en noter alors tous les traits caractéristiques, le saisir en quelque sorte dans son plein épanouissement. C’est alors également qu’il est le plus facile de constater les effets qu’il a produits, avantageux évidemment par quelques côtés, mais détestables par tant d’autres, si bien que le mal l’a de beaucoup emporté, d’après nous, sur le bien, et que nous entendons prononcer, même au point de vue de l’utile, sa condamnation.


  1. Cf. P. Leroy-Beaulieu, op. cit., p. 167.