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Page:Pfeiffer - Voyage d une femme autour du monde, trad. de Suckau, Hachette, 1859.djvu/27

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Nous n’arrivâmes à Glückstadt, qui est à 32 milles de Hambourg, que le 30 au matin. Le vent tomba tout à fait, le flux devint le plus fort, et nous reculâmes. Le capitaine fit jeter les ancres, et profita de ce calme inattendu pour faire attacher les coffres et les bagages dessus et dessous le pont. À nous autres oisifs, il fut permis d’aller à terre et de visiter la petite ville, où nous ne trouvâmes du reste rien de remarquable.

Les passagers étaient au nombre de huit ; les quatre places de la cajute étaient, outre le comte B… et moi, occupées encore par deux jeunes gens, qui espéraient faire plus rapidement fortune au Brésil qu’en Europe. Le prix d’une place de cajute était de 100 dollars[1], et celui d’une place de l’entre-pont, de 50 dollars.

À l’entre-pont se trouvaient, outre deux bourgeois estimables, une matrone âgée qui se rendait à l’appel de son fils unique établi au Brésil, et une autre dame dont le mari exerçait depuis six ans le métier de tailleur à Rio-de-Janeiro. On fait vite connaissance à bord, et l’on se réunit le plus que l’on peut pour rendre supportable la monotonie d’une longue traversée.

Le 1er juillet, par un vent assez violent, nous mîmes de nouveau à la voile. Nous fîmes quelques milles, mais nous fûmes bientôt obligés de jeter l’ancre encore une fois. L’Elbe était devenu déjà si large qu’on pouvait à peine en apercevoir les rives. La force des vagues donna le mal de mer à quelques passagers. Le 2 juillet, nous essayâmes encore de lever l’ancre, mais avec aussi peu de succès que la veille. Dans la soirée, nous aperçûmes quelques dauphins ou marsouins, et plusieurs mouettes. C’était un signe du voisinage de la mer.

Beaucoup de vaisseaux passèrent rapidement à côté de nous. Ah ! ils pouvaient profiter de la tempête et du vent

  1. Le dollar vaut 5 fr. en monnaie de France.